Tu avais hésité. Non, vraiment, Drago, le processus pour te décider à entrer ici, dans cet Institut avait été particulièrement long et complexe. Au départ, c'était un « non » plutôt catégorique, suivi d'un peut-être, puis d'une nouvelle réponse négative, et ainsi suite, jusqu'à ce que finalement, tu en arrives à un « oui » ferme sur lequel tu t'étais arrêté en signant les documents et en les renvoyant dans l'immédiat, comme pour te forcer à ne plus changer d'avis. Finalement, ça avait peut-être été l'une des meilleures décisions de ta vie. En premier lieu parce que tu l'avais prise seul, et dans un second temps parce que tu avais l'impression de pouvoir sentir que cet Institut ne pourrait t'apporter que du bien.

Les doutes étaient tout de même revenus cependant. Le premier jour, tu étais confiant, en te faisant comme réflexion que l'endroit était relativement différent de Poudlard. Et puis, tu avais aperçu Potter le matin. Weasley deux heures plus tard et le lendemain, tu avais croisé Granger. Autant dire que la motivation était vite redescendue d'un cran. Parce que oui, Drago. Deux ans après la guerre, tu n'étais pas assez idiot pour oublier le nom que tu portais, et surtout, le rôle que ton père avait pu jouer dans cette dernière. Toi aussi, tu avais été l'un des acteurs d'actes immoraux, des actes que tu regrettais, bien entendu, mais qui n'en demeuraient pas moins inscrits dans certaines mémoires.

Du coup, tu en étais réduit à jouer à la souris. C'était à la fois rageant et risible, tu avais l'impression d'être de nouveau coincé dans le corps ridicule d'un tout petit animal, effrayé par les géants qui peuplaient son environnement, oui, un peu comme ce jour-là, durant ta quatrième année lorsque ce cinglé avait eu la merveilleuse idée de te métamorphoser en furet. Vraiment, la sensation était désagréable, mais tu ne voyais que ça pour t'en sortir. Tu rasais les murs. Tu évitais les contacts. D'ailleurs, tu ne voulais même pas échanger le moindre regard avec Potter et compagnie, probablement par peur d'y lire quelque chose de blessant.

Pour ces raisons – et bien d'autres – tu avais pris l'habitude de venir parmi les derniers aux repas. Dans les dernières minutes du service, tu venais attraper un repas, tu mangeais rapidement, seul, ou accompagné d'illustres inconnus, et puis, tu rentrais jusqu'à la tour de l'Internat. Mais ce soir, tu avais du retard, c'est pour cette raison que tu étais pratiquement en train de courir dans les couloirs … trop absorbé par la lecture et l'analyse d'une potion, tu avais perdu toute notion du temps et tu n'avais réagi que lorsque ton estomac s'était mis à protester de manière bien trop bruyante. Malheureusement pour toi, lorsque tu arrives au réfectoire, l'endroit est désespéramment vide. Le service est terminé, et toi, tu restes là, la mâchoire serrée, affamé et enragé à l'idée de passer une nuit l'estomac si vide.

J'avais déjà bien commencé l'année. Cela faisait bizarre d'être à nouveau en cours. Mais c'était pour la bonne cause. Et quel plaisir de ressentir ça à nouveau. Les retrouvailles avec Harry et Ginny se sont très bien passées. Avec Ron c'était une autre histoire. C'était froid et on pouvait sentir une certaine tension. Alors je ne m'étais pas attardée et j'étais partie en cours.

Une fois la journée terminée, je partis vers la bibliothèque. L'odeur des livres et de l'encre fraiche m'avaient tellement manqué. Ce ne fut pas compliqué de trouver une place vu l'heure tardive qu'il était. Et je me suis mise à étudier. Faire simple dans les études n'a jamais été mon fort. Alors ce double cursus me donnait l'impression d'avoir ma place ici. Et puis comme je n'étais pas sure de ce que je voulais faire... Au moins la j'avais plusieurs possibilités.

Les heures passent sans vraiment que je m'en rende compte. Et bientot ce fut l'heure de la fermeture de la bibliothèque. Et me voila dehors sans vraiment savoir ou aller. Je regardai ma montre. J'avais encore le temps avant que le refectoire ne ferme. Alors je partis manger un bout avant de rentrer chez moi. J'entrai donc dans le batiment presque desert juste quelques tables encore occupées. Je pris juste deux sandwich, une boisson et un gateau au chocolat et sortis à nouveau pour m'assoir devant le réfectoire sur un banc tout en regardant l'heure pour éviter de rater la dernière aire de transplanage active.

C'est alors que je le vis. Ce n'était pas la première fois que je le croisais. Mais jamais d'aussi près. Il semblait éviter les gens qu'il avait cotoyé à Poudlard. En tout tous ceux dont il n'était pas proche. Malgré tout je n'avais rien contre lui et le temps avait passé. Donc pourquoi garder autant de rancune ? Je ne savais pas. Mais voila. Le réfectoire était maintenant fermé et le pauvre blond n'avait sans doute rien mangé de la journée.

"Drago ?"

Oui je l'avais appelé par son prénom et j'avais eu une voix très douce. Pourquoi être méchante ou tendue ? Après tout c'était il y a longtemps. Et il avait aidé pendant la guerre. Et... Je cherchais vraiment à me trouver des excuses ? Je suis juste gentille. Bref. Je lui tend mon deuxième sandwich que je ne mangerai pas de toute facon.

"Tiens. Je ne le mangerai pas de toute facon. Ne t'inquiète pas je viens de l'acheter. Je ne l'ai même pas ouvert donc aucune crainte à avoir."

Puis je lui souris et attendis la devant lui la main tendue vers lui.

Quelle peine, vraiment. En être arriver là … Tu as l'air si misérable, dans l'encadrement de cette fichue porte, à fixer la salle dans laquelle sont pris les repas, dépourvus du moindre étudiant, et surtout, de la moindre trace de nourriture. Même un fruit aurait pu te convenir, à ce stade mais à l'évidence, c'est raté pour ce soir alors, au bout d'un moment désespéramment long, tu finis par soupirer si lourdement que ton soupire résonne dans les environs. Un pas en arrière, te voilà maintenant en train de réfléchir à tes possibilités. Tu ne te sens pas l'énergie de faire un aller-retour en ville, vu ton quota de chance aujourd'hui, tu finirais par te retrouver à la rue jusqu'au lendemain six heures. Peut-être as-tu encore quelque chose dans tes affaires, dans ta chambre. Un reste de biscuits ? Tu en doutes. Tu finis donc par te résigner, bien conscient que ni ta présence, ni le regard désespérant que tu lances à cette salle vide ne feront apparaître de la nourriture et puis, tu te tournes … et tu t'arrêtes. Net. Les yeux grands ouverts, alors que ton prénom résonne étrangement dans tes oreilles. Décidément, Malefoy, tu es maudit.

Tu ne veux pas la voir, et encore moins lui parler. D'ailleurs, entendre sa voix à elle, prononcer ton prénom de cette façon si particulière te procures un frisson que tu ne pourrais même pas décrire. Tu n'as pas d'issue, cependant, mise à part celle de partir en courant mais ce serait ridicule, et tu as encore un peu de fierté. « Granger. » Et tu craches. Et tu siffles. Le même ton qu'aurait un serpent face à une souris qu'il s'apprête à dévorer. Une habitude, probablement. Il n'empêche que le son de ta voix vient marquer un contraste net entre vos deux attitudes. Ta tête se tourne vers elle, elle est assise sur son banc, et te tends un sandwich. Ah, et elle te souris, aussi, si bien que tu en viens à plisser les yeux, et même à regarder autour de vous, suspicieux, comme si tu t'attendais à ce qu'un piège se referme sur toi. C'est fou, hein, de se sentir si persécuté ? « J'ai pas faim ! » Que tu finis par lancer, en détournant la tête comme un gamin vexé. Le problème, c'est qu'au même moment, ton estomac décide de protester et tu serres encore davantage la mâchoire. Grillé en pleine tentative de mensonge stupide. Pitié, que quelqu'un se décide à venir t'achever. « Et puis je suis pas fan du thon ... » Ajoutes-tu, captant un peu trop tard le morceau de poulet qui dépasse du morceau de pain doré. « Et puis d'abord, j'ai pas besoin de ta charité. Ou de ta pitié. » Oui, c'est ça, Drago. Continue de t'enfoncer.

Je le vois là à essayer de trouver des excuses pour ne pas accepter mon offrande. Je me dis qu’il est stupide mais après tout je ne vais pas non plus lui fourrer le sandwich dans le gosier. « Granger » ce ton dans sa voix. Si froid. Comme s’il se sentait attaqué pourtant je ne pense pas l’avoir agressé. Laissons ça de côté pour le moment. Et puis je me surprend à le détailler du regard comme si c’était un parfait inconnu devant moi. Ses cheveux avaient viré a un beau blond ensoleillé. Son teint était moins pâle ce qui lui donnait un peu plus de charme. Il était aussi moins gringalet comme il avait pu l’être avant et pendant la guerre. Preuve que sa vie allait un peu mieux. Par contre ses yeux eux n’avaient pas changé. Surtout son regard envers toi. Mais il y avait quand même cette lueur de peur et de panique que je n’arrivais pas à comprendre. Et pourtant sans vraiment savoir pourquoi à cet instant précis je le trouvais beau et il provoquait en moi quelque chose que je ne pouvais expliquer.

 « Ce n’est ni de la charité ni de la pitié. Juste un sandwich pour quelqu’un qui en a clairement besoin. Si tu n’en veux pas je le jette. A toi de voir. »

Que pouvais je dire de plus. Il ne voulais clairement pas de mon aide. Et même si je me doutais de la raison je n’allais pas le prononcer à voix haute. Je n’avais aucun préjugé envers lui. Si j’avais été choyée après la guerre, cela n’avait sans doute pas été son cas. Alors je n’avais pas de pitié envers lui et ce n’était pas de la charité non plus. Mais je n’arrivais pas à m’expliquer ce que c’était. Je haussai les épaules et finis par parler à nouveau alors que je me levai pour rentrer chez moi.

« Bon tant pis. Je vais rester bloquée ici si je reste plus longtemps et je serai obligée de rentrer à pieds. Alors je laisse ça là. Et je te souhaite une bonne soirée. À plus tard. »

Je posai alors le sandwich sur le banc et commençai a m’éloigner vers la sortie du campus.

Ce serait le monde à l'envers, si toi, tu acceptais l'aide – puisque c'est de ça qu'il s'agit – de Hermione Granger dans une situation de crise comme celle-ci. C'est du moins ta toute première pensée, celle qui te force à être immédiatement sur la défensive, comme s'il était devenu naturel chez toi de rejeter en bloc tout ce qui pouvait provenir de cette fille là. Et pourtant, Drago. Durant un long, très long moment, tu la fixes, assise sur son banc, et tu réalises que, libéré de la pression de ton père, loin de cette éducation à moitié pourrie par les idées racistes de ton géniteur, il n'y a plus rien qui t'empêches d'être courtois avec cette jeune femme. Tu la regardes, et tu as l'impression de la voir pour toute première, tant ta vision est changée. Si jadis, tu voyais ne voyais en elle rien de plus qu'un être abjecte, insignifiant et même honteux, aujourd'hui, tu ne voyais rien d'autre qu'une fille. Ton égal. Peut-être même plus que ton égal, étant donné que Granger avait probablement des qualités dont tu ignorais encore l'existence même …

Pourtant, c'est difficile d'agir normalement, poliment. Difficile d'être toi, d'être naturel face à une personne qui n'est pas une inconnue, que tu as même côtoyée, pour ainsi dire, durant des années, mais que tu as toujours ignoré, rabaissé, discriminé. Franchement, est-il même possible d'agir normalement après tout ça ? Tu en doute. Du moins, toi, tu as du mal à y parvenir.

Tu avales ta salive, fixant ce sandwich. Tu as le choix, comme elle le dit, soit tu le prends et tu as de quoi manger quelque chose avant demain matin, soit elle le jette, et toi, tu auras toujours aussi faim. Au fond, la meilleure solution à ce problème est toute trouvée … mais tu détournes le regard, comme bloqué par quelque chose d'invisible. Comme si tu allais t'étrangler et suffoquer en acceptant, pire, en la remerciant ensuite. « Quoi ? » Tu réagis lorsqu'elle se lève de son banc, elle s'en va, et c'est comme si tu étais soudainement pris de panique, parce que, si tu as tout ton temps, ou presque, visiblement, ce n'est pas son cas. Tu dois prendre une décision, et ton regard cherche instantanément le sandwich que tu trouves sur le banc. Elle te l'a laissé, et il ne t'en faut pas plus pour t'avancer vers l'endroit où la jeune femme était installé, et l'attraper rapidement. Ce n'est que lorsque tu l'as que tu es pris d'un sentiment jusqu'alors complètement inconnu, ou presque ; la reconnaissance. C'est ce qui te pousse à te lancer à sa poursuite au pas de course. « Hé, Granger, attends deux minutes ! » Tu viens juste te mettre à sa hauteur, et puis, tu lèves légèrement le sandwich. « Merci. » Ça ne voulait pas dire que, subitement, Hermione Granger était devenue une personne que tu estimais, ou encore, que tu cherchais quelque chose. Non. C'était un simple merci pour un service rendu.

Je souris quand je l'entend m'appeler. Je ne me retourne pas pour autant et j'attend. Quoi exactement je ne sais pas. Je le sens se rapprocher et un frisson me parcourt de part en part sans vraiment comprendre pourquoi. J'en sa voix dans mon oreille. Et juste ce simple Merci me rend tout chose et me trouble. Je secoue la tête pour essayer de chasser ses idées qui me perturbent tant. Que faire ? Quoi dire de plus ?

Je te l'ai dit. De l'eau à couler sous les ponts. Et même si tu ne le demande pas je te le dis moi même. Je te pardonne. Pour tout. Prend ça comme tu veux. Garde tes distances si tu veux. Je sais que ce ne sera pas pareil pour Harry et Ron. Mais moi le passé je veux le laisser derrière moi. Poudlard c'est fini, les maisons c'est fini. Nous sommes tous au même stade. Il n'y a pas de différence. Et malgré tes insultes, je garde espoir de découvrir le vrai Drago un jour

Je ne m'attendais pas à autant parler. Mais cela fait un bien fou de sortir tout ça de mon coeur. Alors je me retourne vers lui. Je lui souris et je m'apprête à reprendre ma route.

Merci, oui. Au moins ça. Après tout, Drago, tu t'es fait la promesse de chercher à t'améliorer, même si ça signifiait faire des efforts, de gros efforts. D'ailleurs, c'est si compliqué pour toi d'agir de cette manière – normalement en somme, mais bon – que juste après l'avoir dit, tu détournes le regard, comme si tu t'attendais à ce que l'on vienne te railler, te hurler dans les oreilles à quel point ton comportement pouvait être indigne de ton nom, de ton sang.

Tu tu n'attends rien de plus. Non. Tu ne cherches pas à la retenir davantage, tout comme tu n'engages pas la moindre conversation supplémentaire. Tu ne demandes même pas d'explications, quand bien même tu connais les sentiments que Granger peut entretenir à ton égard, tu préfères ne pas chercher à comprendre le fin mot de tout ça, de peur d'être perdu une nouvelle fois, de ne pas réussir à comprendre. Vous deux, vous n'êtes clairement pas fait du même bois … Et pourtant, alors que tu es planté, t'attendant à ce qu'elle s'éloigne pour rentrer chez elle, elle ouvre la bouche. Et subitement, elle parle, encore et encore, un flot de parole continue que tu prends en pleine face et c'est si violent, de ton point de vue, que tu as l'impression que tu vas te noyer si elle ne s'arrête pas bientôt. D'ailleurs, lorsqu'enfin le silence retombe, c'est comme si tu reprenais ton souffle après une séance d’apnée. Franchement, qu'est-ce que tu peux bien répondre à ça ? Comme tu le craignais, son comportement est hors de ta portée, tu es probablement encore bien trop étroit d'esprit pour saisir ses motivations. « Fichue utopiste ... » T'es un crétin, hein, parce que c'est tout ce que tu trouves à répondre. Ça te fiche en colère en fait, cette attitude. Tu as encore l'impression qu'elle cherche à te prouver à quel point elle est meilleure que toi et bon sang, même si c'est pas le cas, le fait d'y penser, ça te mets en rogne. A croire que tout est tout noir ou tout blanc, avec elle. Si seulement c'était facile. S'il suffisait de le dire et de le décider, pour passer à autre chose. « Je vois pas ce qui te fais penser qu'il existe un autre moi quelque part. » C'est le cas, pourtant. Tu le sais. Mais ça te dérange, quelque part, qu'elle le sache, elle, alors que d'autres que tu pensais bien plus proches de toi ne le voit pas. C'est agaçant. « Des différences, il y en a, il y en a même des grosses. On ne sera plus jamais sur la même ligne, Granger, si tant est qu'on l'ait un jour été. Tu seras toujours l'amie de Potter, la brillante sorcière qui l'a aidé à sauver le monde du grand méchant et moi, je serais toujours le pion raté du dit grand méchant. » Et puis, d'abord, Drago. Pourquoi est-ce que tu lui dis tout ça, hein ? Comme si Granger était la meilleure personne pour te dénigrer de la sorte. « Tu peux pas sauver tout le monde, Granger. Accepte le. »

Et puis, tu te détournes d'elle. Tu le savais bien, que tu devais à tout prix éviter de lui faire face, à elle, aux deux autres. C'était typiquement ce genre de situation que tu voulais éviter et maintenant, tu ne songes finalement qu'à fuir, une fois de plus.

Je me stoppai net quand j'entendis tout ce qu'il disait. Cela me faisait du mal de le voir comme ça car je savais que c'était pas le vrai Drago. Celui que j'avais pu voir au Manoir pendant notre fuite. Celui qui pleurait dans les toilettes des filles. Non. Il faisait comme si tout allait bien et en plus il me fuyait du regard. Sauf que je ne pouvais pas le laisser dire des choses pareilles !!

"Il est hors de question que je te laisse te rabaisser comme ça Drago ! Je ne suis la pour sauver personne. Et si tu ne veux pas t'ouvrir, parler ou même me regarder cela ne regarde que toi ! MAis je ne supporte pas que tu pense que l'on est si différent que ça ! Et encore moins que tu dise que tu es un raté ! Parce que je te rappelle que tu nous a sauvé la vie même si tu ne veux pas te l'admettre ! Et je t'en serais toujours reconnaissante ! Sans toi, Harry serait mort bien avant de pouvoir affronter Voldemort. Et pour un pion, je te trouve quand même très doué ! Parce que même si c'était pour le compte du Seigneur des Ténèbres, je te rappelle que tu as réussi à réparer une armoire surement bien plus vieille que Poudlard lui même !

Et tout en récitant ma tirade je m'étais rapprochée de lui sans qu'il n'ose faire un pas. J'étais tout près, je sentais son souffle, le mien était saccadé. Et la j'ai envie de lui sauter dessus. De lui voler un baiser torride. De lui transmettre toute la rage que j'ai contre lui la tout de suite à cause de ses paroles et en même temps j'ai envie de le prendre dans mes bras et de le cajoler comme un enfant triste.

Mais qu'est ce qui ne va pas chez moi bon sang....

Tu t'en veux. Tu es tellement en colère contre toi-même, Drago, que tu sais au fond de toi que tu n'as plus d'autre choix que de fuir, parce que ça pourrait mal finir. C'est fou, tout ce que tu peux ressentir en ce moment, c'est comme s'il y a quelques années encore, quelques mois même, tu n'étais qu'un coquille vide et que tu venais de naître, de t'éveiller. Le pire, c'est que ça devrait être agréable, mais ça ne l'est pas du tout. C'est ce que doit ressentir un nouveau né, lorsque l'air pénètre dans ses poumons avec la violence d'une tempête pour ouvrir grand toutes les alvéoles. Tout ce que tu viens de débiter là, c'est déjà énorme pour toi, c'est trop, bien trop. Alors forcément … quand elle se décide à en remettre une couche, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Tu sais quoi, Drago, il y a une grande partie de ce qu'elle dit qui finalement, représente tout ce que tu as toujours voulu entendre. Une confiance sincère en tes capacités. De la reconnaissance. C'est pas son rôle, c'est pas de sa bouche que t'aurais aimé, ou imaginer entendre tout ça. C'est un choc. C'était bien plus facile pour toi, quand tu l'entendais te hurler toute sa haine au visage. Quand elle vantait sa haine envers toi. « C'est quoi l'embrouille, Granger ? Tu t'es lancé en psychomagie et tu m'as choisi comme sujet d'étude ? Je sais pas comment je dois prendre ça. » Elle est bien trop proche de toi. Du coup. Tu fais un pas en arrière, comme si le fait qu'elle soit là, devant toi, son souffle mêlé à toi était la chose la plus dérangeante au monde, sur le moment.

Ta main passe sur ton visage, remonte dans tes cheveux. Tes doigts ébouriffent tes cheveux clairs, au point de venir y dessiner quelques épis, une première pour toi qui a toujours pour habitude d'être impeccable en public. « Écoute … Granger. Je sais pas ce que tu cherches à faire, mais laisse tomber, d'accord ? Je suis assez grand pour reconnaître mes erreurs, j'ai pas besoin d'être rassuré ou ... » Ou quoi ? Qu'est-ce que tu peux bien avoir à dire, après ça ? Tu ne peux pas nier qu'entendre quelqu'un faire l'éloge de quelques actes de bonté te fais du bien, là, quelque part. Personne n'a jamais eu l'idée de te dire de telles choses. « On sera toujours différents … mais c'était bien essayé. »

Je soupire. Ce qu’il peut être exaspérant quand il s’y met. Il ne comprend rien. Il ne veut rien entendre et il fait le garçon bouché et têtu comme il l’a toujours été. Je sais qu’il préférerait que je l’insulte. Il a toujours chercher la confrontation avec moi. Sauf que maintenant ce n’était plus la guerre. Voldemort avait été vaincu. Il était redevenu quelqu’un comme les autres mais il ne voulait pas se l’admettre et ça devenait fatigant à la fin. Et je ne savais pas comment lui faire comprendre. Je sais aussi que tout ce que je viens de lui dire il avait toujours voulu l’entendre. Sûrement pas de ma bouche à moi mais je sais que ça lui faisait du bien même s’il ne l’admettrait jamais. Et cela me mettait un peu de baume au cœur.

Mais il continuait à dire que nous étions différent. Et moi j’en avais marre. Donc voilà je m’apprêtais à le laisser là en plan. J’avais même fait quelque pas en partant vers la sortie. Mais je me suis ravisée au dernier moment.

Maintenant ça suffit. Si tu pense qu’on est si différent ok. Tu veux que je te dise Drago... j’étais la meilleure de Poudlard. Le meilleur c’était toi. On avait tous les deux peu d’amis mais de vrais amis. Et pendant la guerre c’était pareil. Je me suis cachée. J’ai évité les combats. On dit que je me suis battue comme une guerrière mais pas du tout. Je suis plus lache que toi ou comme tu semble le dire. Alors continue à dire qu’on a rien en commun si tu veux. Mais j’essaie de faire des efforts. Et ça te passe au dessus de la tête. Alors soit. Reste tout seul dans ton coin.

Et je partis enfin de là où je me tenais pour repartir vers le portail de la cour. Il avait réussi à me mettre en colère. Et je sentais maintenant des larmes de rage rouler sur mes joues. Ce qu’il pouvait être insupportable. Allez ma grande ressaisis toi !!! Mais j’avais perdu de ma superbe et je lui en voulais de me faire ressentir tout ça !!!!

Tu ne te battras pas avec elle, Drago. On sent bien, d'ailleurs, que si tu veux vraiment défendre ton point de vue, tu ne cherches pas la confrontation. Tu ne fais qu'exposer des faits, alors, certes, tout ce que tu dis va à l'encontre de son flot de paroles, à elle, mais à tes yeux, ce n'est qu'une vérité que tu n'as plus envie de dissimuler. Tu t'es débarrassé de tes œillères depuis un moment, déjà, et même si accepter de telles choses à ton sujet reste quelque chose de difficile, tu n'en demeures pas moins décidé à faire ce que tu penses être le mieux pour toi, et pour ceux qui chercheraient encore à traîner dans ton sillage.

Et tu vois, lorsqu'enfin, elle s'éloigne de toi, tu as l'espoir qu'elle puisse enfin avoir compris ton point de vue. Tu ne le prends même pas pour une victoire, non, tu es tout simplement soulagé au point de laisser échapper un léger soupire. Malheureusement pour toi, c'est toujours Hermione Granger que tu as face à toi, et bien vite, elle revient à la charge pour te servir un nouveau discours. Si tu es parvenu à rester plus ou moins calme la fois précédente, celle-ci à un peu plus de mal à passer, tu l'avoues. Tu es même prêt à lui renvoyer un discours en plein visage, bien moins courtois que le précédent … heureusement, elle s'éloigne d'elle-même. Sa démarche suggère que tu l'as contrariée, énervée peut-être et si tu sais que tu as devant toi l'occasion de présenter des excuses pour ton attitude, visiblement un peu déplacée, tu ne le fais pas. En fait, tu restes là, plusieurs minutes à la regarder s'éloigner et lorsque tu estimes qu'elle est assez loin, tu recules lentement jusqu'à disparaître dans la pénombre.

Tu n'as pas la force de combattre la lionne une fois de plus ce soir.